Quand la réalité menace le rôle de l’enseignant

Introduction : un constat qui dérange Dans les deux premiers articles de cette trilogie, nous avons vu que la célèbre citation de George Bernard Shaw – « Ceux qui ne savent pas faire, enseignent… » – est injuste, réductrice, et que la réalité du métier d’enseignant est bien plus riche et complexe. Nous avons découvert…


Introduction : un constat qui dérange

Dans les deux premiers articles de cette trilogie, nous avons vu que la célèbre citation de George Bernard Shaw« Ceux qui ne savent pas faire, enseignent… » – est injuste, réductrice, et que la réalité du métier d’enseignant est bien plus riche et complexe.

Nous avons découvert le rôle idéal que devrait jouer un enseignant et la multitude de fonctions qu’il remplit au quotidien.

Mais aujourd’hui, il faut aussi regarder la situation en face : dans certains contextes, cette citation semble dangereusement proche de la réalité.

Non pas parce que les enseignants ne savent pas faire… mais parce que les conditions d’exercice de leur métier les empêchent parfois de le faire comme ils le voudraient.

1. Les pressions économiques et institutionnelles

1.1 Un métier sous-payé par rapport à son exigence

Dans de nombreux pays, le salaire des enseignants ne reflète pas la charge de travail réelle, ni le niveau de formation requis.

Conséquence : la motivation intrinsèque, essentielle à l’enseignement, s’effrite.

1.2 L’alourdissement des tâches administratives

L’enseignant d’aujourd’hui consacre une part croissante de son temps à des tâches bureaucratiques : rapports, formulaires, suivis administratifs… souvent au détriment de la préparation pédagogique.

1.3 Des programmes surchargés et rigides

Les instructions officielles imposent parfois un rythme qui laisse peu de place à la créativité, à l’adaptation aux élèves ou à la mise en pratique concrète.

2.L’alourdissement des tâches administratives

2.1 Quand la passion s’éteint

Un enseignant qui rêvait de transmettre ses connaissances peut se retrouver pris dans un engrenage où le salaire devient la seule motivation tangible.

2.2 Les causes profondes

  • Fatigue chronique.
  • Manque de reconnaissance sociale.
  • Classes surchargées.
  • Pression des résultats chiffrés plutôt que de la qualité réelle de l’apprentissage.

3. L’effet sur la qualité de l’enseignement

3.1 Moins d’innovation

Un enseignant démotivé aura tendance à répéter les mêmes cours d’année en année plutôt que de chercher de nouvelles approches.

3.2 Moins de lien humain

La relation enseignant-élève, pourtant essentielle à l’apprentissage, s’affaiblit quand l’enseignant est épuisé ou découragé.

3.3 Un cercle vicieux

Un enseignement moins engageant démotive les élèves, ce qui rend le travail encore plus difficile… et alimente la frustration de l’enseignant.

4. Des exceptions qui inspirent encore

Malgré ces difficultés, beaucoup d’enseignants restent passionnés.

Ils investissent du temps personnel, innovent, s’impliquent, se battent pour offrir un enseignement de qualité, parfois malgré leur institution plutôt qu’avec son soutien.

Ces exceptions sont précieuses, car elles prouvent que la vocation peut survivre aux obstacles, mais elles ne doivent pas masquer la nécessité de changements structurels.

5. Comment retrouver le rôle initial de l’enseignant

5.1 Alléger la charge administrative

Réduire les tâches bureaucratiques pour libérer du temps d’enseignement et de préparation.

5.2 Valoriser financièrement et socialement le métier

Un salaire à la hauteur et une reconnaissance publique renforcent la motivation et l’attractivité de la profession.

5.3 Redonner de la liberté pédagogique

Permettre aux enseignants d’adapter leurs méthodes aux besoins réels des élèves, plutôt que de suivre aveuglément des programmes figés.

5.4 Encourager la formation continue

Offrir des opportunités régulières de se former, d’échanger avec d’autres enseignants, d’explorer de nouvelles approches.

6. Un enjeu collectif

L’éducation n’est pas seulement l’affaire des enseignants.

Parents, institutions, décideurs politiques, entreprises, associations… tous ont un rôle à jouer pour que l’enseignement retrouve sa fonction première : transmettre un savoir, former un esprit, éveiller une curiosité.

7. Conclusion : le risque et l’espoir

Aujourd’hui, dans trop de cas, les conditions d’exercice du métier d’enseignant rapprochent dangereusement la réalité de la caricature formulée par George Bernard Shaw.

Un enseignant découragé, épuisé ou désillusionné peut, malgré ses compétences, ne plus enseigner avec la passion et l’engagement nécessaires.

Mais il existe aussi un chemin inverse : revaloriser la mission éducative, redonner du sens et du pouvoir d’agir aux enseignants.

C’est à cette condition que la citation de Shaw redeviendra ce qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être : une formule ironique, et non une triste vérité.

 


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